Avec les facilitations multiples, les statuts allégés, les aides du Pôle emploi et les publicités avenantes sur les accompagnements dont pourraient bénéficier les créateurs chez nombre d’experts, banques et autres fournisseurs, la FNPAE rappelle les bénéfices du Bilan de compétences Entrepreneurial pour vraiment sécuriser et doper les projets.
Le 29-06-2017 à 11 :24 | Mise à jour le 29-06-2017 à 11:34
Jamais les ressources humaines n’ont été autant au cœur de la réussite entrepreneuriale que lorsqu’elles reposent sur les épaules d’une seule personne. Or l’entrepreneuriat français, selon les constats de la Cour des Comptes « fabrique » plus de solitaires que de pilotes d’équipe et ceci avec une espérance de vie qui, pour la moitié, n’excède pas 3 ans.
Interrogeons ici comment l’entrepreneuriat, qu’il soit voulu ou contraint, pourrait mieux répondre aux attentes des créateurs en leur apportant une solution pérenne d’emploi, de ressources financières et si possible, d’épanouissement et d’évolution sociale.
La question des compétences et des savoir-être est au cœur de la réussite entrepreneuriale. Les créateurs hélas n’en sont que trop rarement conscients. Elle impacte en effet jusqu’à 30 % du prévisionnel financier. Formation, sous-traitance, conseil, association sont autant de solutions que le créateur peut envisager, avec à la clé des moyens (temps, budget, énergie, motivation, relationnel …) qu’il faut mobiliser ou des ajustements de business model à établir et des changements d’investissement ou de trésorerie.
La première clé ouvre sur les potentiels
Le potentiel du projet en lui-même doit, bien sûr, être évalué. C’est bien une des finalités de dégager la rentabilité répondant aux objectifs financiers du créateur. Ici tout le monde est d’accord sauf que, dans la réalité de la création d’entreprise quasi tout le monde s’en tient là. Imaginez la plus belle des Audi ou Porsche qui n’aurait son pilote, vous envisagez facilement le résultat de la course.
Les potentiels du créateur sont donc des éléments qui doivent impérativement être boostés. Potentiel premier à changer d’univers en passant du salariat à l’économie de marché avec ses règles, ses opportunités mais aussi ses guerres, parfois planétaires (demandez aux artisans taxis et aux hôteliers si UBER ou BOOKING les touchent).
Le potentiel à acquérir les nouvelles compétences propres au métier d’entrepreneur qu’il faut ajouter aux savoir-faire métier (la boulangerie, le maçon, le formateur, l’informaticien, etc.). Ici, le bon gestionnaire va devoir développer ses aptitudes commerciales, l’excellent producteur doit devenir concepteur des offres qui feront sa différence ou concepteur des moyens de se faire connaitre. La capacité à entrer dans une démarche d’apprentissage permanent et autonome est ainsi absolument fondamentale.
Prendre le temps avec un tiers-expert d’interroger cette projection que l’on se fait de soi et de son activité professionnelle est un premier acte de responsabilité du dirigeant. Un peu comme s’il fallait faire le prévisionnel de la « holding personnelle ».
Or, selon le rapport 2012 d’Assemblée Nationale à peine 30 % des créateurs abordait les potentialités personnelles et professionnelles qui pourraient pourtant les inciter à voir plus loin, plus haut, plus fort ou… tempérer des ardeurs que les futurs fournisseurs encouragent de manière forcément intéressée…
La deuxième clé ouvre sur les vigilances
Entre l’absence d’expérience entrepreneuriale et le désir « d’y aller », le salarié ou l’ex-salarié projette sur son envie de créer toutes les bonnes raisons de réussir. Les professionnels de la création entendent souvent quelques phrases manifestant sa conscience du risque qui aurait été limité ou bien assumé. Tout ça sans prendre le temps, les outils ou les appuis professionnels nécessaires.
La première des vigilances est de ne pas confondre le fonctionnement d’une motivation. Par exemple être motivé « à l’autonomie » ou à « travailler pour soi », n’a aucun sens en entrepreneuriat si ceci n’est pas appuyé par les moyens pour le faire. Je peux vouloir être autonome mais si je ne sais prendre des décisions et des risques en pleine compréhension des choses, alors ma motivation d’autonomie est un rêve ou un mythe.
C’est pour cela que les professionnels des Ressources Humaines salariales ne sont pas toujours ajustés aux réalités de la planète entrepreneuriale. Si je recrute un salarié en lui demandant qu’il soit motivé par l’autonomie et l’argent par exemple, en tant qu’employeur je vais lui fournir les moyens pour cela. Si je ne le fais pas, je suis tout simplement un mauvais manager ou quelqu’un qui a menti à son candidat pour le faire entrer dans l’entreprise.
Dans l’entrepreneuriat, les mêmes motivations pour l’argent et l’autonomie se doublent des moyens que le créateur va réellement se donner pour cela. Entre les moyens techniques, financiers, et les moyens intellectuels, émotionnels, psychiques que je mets sur la table, il y a toute une complexité qu’il est difficile d’aborder tout seul. Sauf à avoir déjà une excellente connaissance de soi, fruit d’un vrai travail de développement personnel et professionnel qui, soyons honnête, n’est pas si fréquent…
La deuxième des vigilances est de confondre un manque de compétences en impossibilité. Alors que le manque de connaissances ou d’expérience était un frein pour son parcours salarial, l’entrepreneur va devoir découvrir que ce peut être un levier de progrès puisque, désormais, il est maître des moyens qu’il consacre pour acquérir les compétences utiles.
Les vigilances qu’elles soient financières, techniques, commerciales, humaines voire psychologiques sont très souvent perçues comme des risques or, la question est bien de lever ces risques en s’y prenant bien. La nature des soutiens que l’on choisit est en cela un point très fort de progrès. La grande masse des entrepreneurs qui pilotent tout seul leur entreprise avec comme seul contact leur banquier, leur expert-comptable ou leur prestataire web comprennent vite les limites du système.
Or, moins le créateur a réfléchi aux risques de ses propres limites personnelles ou professionnelles, plus grande est la probabilité de s’y trouver confronté. Gouverner c’est prévoir et c’est bien la formidable mission que va devoir vivre tout entrepreneur fut-il auto-entrepreneur. Ce sont en fait des appels à progresser soi-même ou son entreprise. Le créateur qui veut acquérir un statut découvrira qu’il gagne le droit de participer à un marathon.
Xavier DELAUNAY – Président www.fnpae.org